Le bassin miné

Publié le par Predator

 

Le week-end dernier avait lieu le Tour du Bassin minier, course cycliste en 3 étapes avec 100 bornes le samedi, un chrono de 7 km le dimanche matin suivi d’une dernière étape de 75 km l’aprèm.

Beau petit programme en perspective, je n’avais pas prévu de faire de compétitions ce WE là mais il manque des coureurs dans l’équipe, allez hop c’est parti je monte dans la voiture du club direction Brassac les mines.

Sur place on est accueilli chaleureusement par des trombes d’eaux et une température de 12°, manque plus que la neige pour noircir le tableau, c’est donc à reculons et sans échauffement que je me présente sur la ligne de départ aux côtés de 90 concurrents à la mine déconfite, 2 ou 3 badauds sont dans le coin pour admirer le spectacle :

« Allez les gars va vous falloir du courage ! »

« Euh ………. Ben moi c’est pas du courage qu’j’veux ………. c’est du chauffage ! »

 

Le départ est malheureusement donné et au bout d’à peine une borne je suis déjà crépi par la flotte que projette les cyclistes du peloton, sous ce déluge je suis au bord de la noyade et l’opération survie ne fait que commencée, je me mets d’entrée en mode bouée de sauvetage et  me décide quand même à remonter le peloton, sauf que les jambes ne répondent pas, je mets ça sur le compte de mon échauffement inexistant et attends la préchauffe du moteur.

Ca pleut et ça roule tambour battant, on aborde la 1ere difficulté du parcours, une bosse de 200m suivie d’un faux plat montant de 500m vent de côté, rien de bien difficile vous allez me dire, sauf que je n’arrive toujours pas à appuyer sur ses satanées guiboles et que je suis limite de passer à la trappe.

Je ne cède pas encore à la panique et tente quelques kms plus loin l’attaque ultime histoire de débloquer la bête une fois pour toutes. C’est donc au terme d’un effort surhumain que j’attaque à la vitesse de la ……………. tortue, je me retrouve pendu 10m devant le peloton et me fais reprendre aussi vite que je suis sorti, dans une bosse du genre pont d’autoroute.

Bon ben comme on dit « ça c’est fait ! », au moins il n’y a plus de doute, je suis parti pour une bonne grosse journée de m..d. , d’autant plus qu’il reste encore 5 passages dans la même bosse et 3 montées d’une autre bosse dans le circuit final, je commence sérieusement à m’inquiéter et me demande comment je vais faire pour rallier l’arrivée, faut pas chercher bien loin je suis complètement tétanisé par le froid, le Coach est pas bien loin de moi en queue de peloton et à le voir pédaler avec les oreilles, le nez constamment collé sur son Powertap qui doit afficher pas plus de 3,2 watt, je donne pas cher de sa peau non plus, je dirais sale temps pour les « vieux » puisque le Coach et moi sommes collés comme des bouses et que Manu lui a totalement disparu de la surface de la terre.

Au bout de 50 bornes l’humidité el le froid commence à faire son œuvre, je claque des dents et j’ai le dos tout crispé qui par moment me fait même sérieusement mal, enfin bon le bonhomme est tout mort et est incapable de faire quoi que ce soit aujourd’hui, j’aurais mieux fait de rester chez moi à bouffer des bonbons haribo, je prends mon mal en patience en me disant que haribo c’est beau la vie et finis quand même par rallier l’arrivée avec un peloton de morts-vivants, et à voir la tronche des autres coureurs, z’ont pas l’air très frais les garennes, je me dis qu’il y’en a une bande qui ont baissé la tête toute la course à attendre que ça passe.

L’arrivée est jugée devant le musée de la mine, et avec les dégaines que l’ont se tapent du genre casque de travers et visage noirci par le charbon on nous croirait sorti tous droit du roman Germinal.

Les historiens du vélo appellent ça la légende des forçats de la route, sauf qu’aujourd’hui je me sens bien plus près du forçat que de la légende du vélo.

 

Allez une bonne nuit et c’est reparti le lendemain matin pour le chrono de 7 bornes ou j’espère bien faire une perf, c’est la 3eme fois que je le fais et mes temps à battre sont 10:06 et 10:02, cette fois-ci objectif –10:00 qui devrait me garantir un top 10, je manque de louper le départ et m’engage sur ce clm in-extremis, les jambes cette fois-ci sont bien mieux que la veille, en même temps difficile de faire pire, malgré tout c’est loin d’être génial mais ça reste dans la normalité de ce que je peux faire, je franchis la ligne en 9:51 plutôt content puisque la dernière  fois ce chrono s’est gagné en 9:46, ça sent bon le top 5, notre DS vient vers moi le sourire jusqu’au oreilles :

« Ouaah super chrono Seb ! …………. t’es 3eme! »

« Hein quoi ? C’est tout ? ……………. »

« Euh ben c’est bien quand même Seb ? »

 

Bon d’accord c’est pas si mal, j’ai fais le chrono que je devais faire, mais le problème c’est qu’il reste encore 35 mecs qui n’ont pas encore franchis la ligne et y’en a une bande qui risque de me passer devant !

Au final je termine 10eme, un peu blasé, mais à ma place, puisque bien plus de coureurs sont passés sous la barre des 10mn cette année avec un record pulvérisé à 9:17 !

 

La mise en jambes du matin s’est pas trop mal passée reste plus qu’à reprendre des forces pour la suite au repas de midi ........... un verre de pinard plus tard ………. ou peut-être bien 2 ……….. quoique ?

Enfin bon, un verre de pinard et ça repart pour 75 bornes de montagne russes, en général avant la 3eme et dernière étape vous avez 3 sortes de coureurs, ceux qui visent le classement final, ceux qui ont foiré la 1ere étape et qui veulent se rattraper en gagnant l’étape ou un maillot distinctif et ceux qui vont prendre une nouvelle dérouillée !

Bon évidemment pour moi j’espère me classer dans la catégorie des chasseurs d’étape, pas question de reprendre une nouvelle dérouillée, je pars donc avec l’intention de faire un one-man-show et sur ses routes sinueuses je me place d’entrée dans les 1eres positions du peloton, je tente une attaque après le 1er sprint intermédiaire, ça gicle pas bien fort mais ça fera bien l’affaire pour le moment, je prends quelques mètres d’avance et me présente en tête au pied de la 1ere bosse avec déjà la langue frottant sur mon pneu avant, le peloton ne tarde pas à me reprendre et à me déborder, je m’étais dit que sur un malentendu ça pourrait marcher mais je crois surtout que j’ai mal entendu mes jambes me crier qu’elles en peuvent plus !

Je peux donc faire une croix sur le one-man-show, ça sera pour une autre fois, et m’accroche aux roues comme je peux, je dois donc me taper une nouvelle course avec des jambes toutes pourries, bon en même temps y’a différents degrés d’appréciation de la jambe pourrie, sur ce coup là c’est un peu plus vaillant que la veille et je me rends compte que j’arrive tout de même à limiter la casse en m’arrachant.

Bon une sale journée m’attends mais la motivation est là et pendant toute la course je tenterais le coup du malentendu sur les rares portions de plat qui jalonne le circuit, en même temps y’a pas un mètre de plat sur ce parcours de la mort …………. c’est p’t’être bien pour ça, que ça n’a pas marché ! Allez savoir ?

Au fil des kms le peloton s’amenuise comme peau de chagrin, on est plus qu’une vingtaine à chasser derrière le groupe de tête, je bascule l’avant dernière bosse en apnée et manque de me foutre en l’air dans la descente qui suit, je suis aussi lucide qu’un poisson rouge sorti de son bocal et j’ai oublié que dans les virages il fallait tourner le guidon, freinage d’urgence, dérapage de la roue arrière, rodéo sur les graviers et je suis à 2 doigts de faire un bisou à une voiture mal garée, pas de chute mais c’est passé pas bien loin, je recolle au groupe et harangue les coureurs pour qu’ils me ramènent au plus vite vers l’arrivée avant l’extinction totale du moteur, tous les voyants sont au rouge et ça sent sévèrement le roussi pour bibi !

J’avale la dernière bosse je sais pas comment et on s’engage pour 5 bornes de descente sur l’arrivée, le dernier km dans le village est très sinueux, je me place en 1ere position et loupe une nouvelle fois le virage à gauche à 500m de la ligne, y’a 3 ruelles à gauche, le signaleur est très mal placé et moi je suis aussi frais que le mars qui est resté toute l’aprèm dans la poche de mon maillot :

« A gauche ………. a gauche …….. a gauche !!!!!!!!!! »

« Ben ouais mais laquelle de gauche ???????? »

 

Bien gentil le signaleur mais à 60km/h pas le temps de réfléchir sur la direction à prendre, ce sera donc un nouveau freinage d’urgence, dérapage de la roue arrière, pas de rodéo mais un nez à nez avec l’arrête de la maison qui fait l’angle, j’évite encore la chute mais je repars avec mes jambes pourries pour faire un sprint pourri, je franchis donc la ligne 13eme et bien content d’en finir avec ce week-end à 2 balles, je remonte à la 14eme place du classement général avec l’impression d’y avoir laissé 5 ans de ma vie pour des prunes.

 

Au final un bon week-end au fond du trou ou plutôt au fond de la mine, en même temps c’étais ça la vie de minier, ce ruiner la santé pour une misère, malgré tout je repars chez moi sain et sauf, au moins content d’avoir échappé au coup de grisou, et en espérant que le week-end prochain soit plus agréable niveau sensations.

 

 

  

Classement général :                                                            

 

1   REBECCHI Sébastien (Charvieux Chavagneux)  04:42:11                              

14 MOREAU Sébastien (VC Cournon) à 4:26

37 CHABERT Sébastien (VC Cournon) à 17:43

50 KHALIL Mounir (VC Cournon) à 24:06

DNF LEPLAT Quentin

DNF RIVES Emmanuel

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                        

mine  

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article